A Rome l’exposition «Theatres de guerre – photos de Luca Campigotto»
Gorges en pierre, flèches, parois en surplomb et parois rocheuses dans les Alpes, où s’abritèrent et se mirent à l‘affût nos soldats durant des années : voilà les protagonistes de l’exposition « Théâtres de guerre-photos de Luca Campigotto ».
Des Dolomites au Carso, de l’Adamello au Pasubio, les images retracent l’exploit accompli il y a un siècle par l’armée de terre italienne, retranchée sur les montagnes pour défendre et présider, trop souvent inutilement, les postes et les frontières.
Un voyage à rebours dans le temps et l’espace, suivant les boyaux, les chemins muletiers et les tunnels, entrant dans les bunkers et les grottes, entre paysages escarpés voire inaccessibles.
Le paysage à la fois décharné et tragiquement majestueux est le document ineffaçable des années sanglantes 1915 – 1918 ; aujourd’hui encore, dans sa nudité marquée par les vestiges de ces affrontements – rouleaux de fer barbelé, croix, fragments de tranchées et baraques – il nous renvoie à toutes les difficultés, les souffrances et les drames vécus au front.
Ce sont des images dépouillées, intenses, on dirait les séquences d’un film, dans la majesté silencieuse d’un paysage désolé, dans l’abandon qui apparaît subit et pourtant récent, dans les témoignages physiques qui sont autant de cicatrices.
Cela confirme que la Grande Guerre est loin d’être oubliée, elle ne doit pas être oubliée mais elle peut et doit faire partie de notre identité. Le devoir d’un Pays conscient de soi-même consiste justement à recueillir ses traces et ses mémoires, à les soigner, les étudier, les divulguer.
Tel est bien l’objectif visé par la Présidence du Conseil des Ministres, attelée au projet ambitieux de la mise en réseaux de tous les témoignages existant à ce sujet, de les réanimer à travers la rénovation, les réaménagements des musées, l’étude soignée des lieux, la publication de recherches et documents, les analyses et les activités culturelles comprenant l’histoire et l’historiographie, l’art, la photographie, la cinématographie, toute forme d’expression et de réutilisation possible. Le but est de créer, à la fin de ces quatre ans de commémorations, un “Mémorial de la Grande Guerre” idéal, une sorte de conteneur virtuel de documents tangibles et de lieux réels, où tous les matériels analysés et les découvertes accomplies restent à disposition des futures générations.
Luca Campigotto, né à Venise le 23 février 1962,est un photographe italien de renommée internationale qui vit et travaille entre Milan et New York.
Diplômé en histoire moderne avec une thèse sur l’époque des grandes découvertes géographiques, depuis les années ’90, il a concentré son activité sur le thème du voyage et a réalisé des projets en couleurs et en noir et blanc sur les villes et les grands paysages.
Ses principaux ouvrages sont consacrés à Venise, au Caire, aux paysages de montagne de la Grande Guerre, à New York et Chicago.
Il a exposé ses ouvrages au Mois de la Photo et au MEP, Paris, ; à la Somerset House, Londres ; à la Galleria Gottardo, Lugano; à l’ IVAM, Valencia; au The Art Museum, Miami; au The Warehouse, Miami; au CCA, Montréal; à la Biennale de Venise, et au Musée Fortuny, Venise ; au MAXXI, Rome; au Festival de la Photographie ; au MART, Rovereto.
Sur le site de Il Mattino di Padova, l'entretien à Luca Campigotto